La Mort s’invite à Pemberley

9782213668833
La Mort s’invite à Pemberley [Death Comes to Pemberley]
Auteur : P. D. James
Éditeur : Fayard
Parution : mai 2012 [2011]
Pages : 393
Prix : 22 €
Note : ★★☆☆☆
     J’ai toujours refusé de lire des livres qui reprennent, de près ou de loin, l’univers d’un ouvrage préexistant plutôt que d’en inventer un neuf. Et pourtant, le principe des réécritures a toujours existé, mais je l’apprécie lorsqu’il est subtil. Rebecca de Daphne du Maurier en réécriture de Jane Eyre est tout simplement exquis, certainement parce qu’il s’éloigne suffisamment de l’œuvre pour ne pas la dénaturer. Depuis quelques années, ce phénomène de fanfictions publiées est de plus en plus prégnant, et notamment lorsqu’il concerne l’univers de Jane Austen que j’affectionne tout particulièrement. J’ai donc longtemps résisté à la lecture des ces ouvrages jusqu’au jour où je suis tombée sur La Mort s’invite à Permberley (une suite d’Orgueil et préjugés) en grand format et d’occasion… Je me suis dit que c’était pour moi l’opportunité de revoir mon avis sur ce genre à part entière. Et quoi de mieux que P. D. James pour commencer ?

     J’ai vraiment voulu aimer ce livre… j’y ai trouvé quelques aspects positifs mais malheureusement pas suffisamment pour contrebalancer tout ce qui, selon moi, ne fonctionne pas. Pour commencer, le style est plutôt bon. Il n’est certes pas identique à celui de Jane Austen, mais le livre à le mérite d’être bien écrit ; il n’a d’ailleurs – je pense – jamais été question de pastiche. Il y a quelques clins d’yeux habiles vis à vis d’Orgueil et préjugés, notamment lorsqu’Elizabeth avoue pressentir qu’elle sera une « mère de fils » alors que sa propre mère n’a engendré que des filles. On comprend alors que consciemment ou non, Elizabeth est véritablement aux antipodes de Mrs Bennet. Malheureusement, c’est à peu près tout pour les points positifs.
     J’ai trouvé que ce livre comportait beaucoup trop de longueurs… Son rythme n’est pas équilibré. Le début semble traîner, puis la mort du Capitaine Denny arrive brusquement, suivie de recherches et d’un procès interminables avant que la fin ne soit conclue très rapidement à nouveau. Les différents interrogatoires pour connaître les tenants et les aboutissants de la mort du Capitaine Denny sont presque identiques. Il semble que l’on relit six fois les mêmes paragraphes. L’enquête policière piétine et il y a peu, voire aucun indice laissé à la réflexion du lecteur. La solution est donnée sur un plateau d’argent à la fin, sans que l’on ait pu la voir arriver : une lettre, qui jusqu’ici n’avait jamais été mentionnée, vient clore le débat. C’est dommage. Quant aux personnages, même si cela aurait pu être bien pire, ils ne sont pas réellement bien retranscrits. Je trouve Elizabeth beaucoup trop effacée, Darcy relativement peu sûr de lui, Wickham complètement différent… Seuls Bingley et Lydia correspondent aux personnages de Jane Austen. Par ailleurs, les personnages secondaires sont bien trop nombreux : j’ai eu du mal à suivre qui était qui et qui avait fait quoi.
     Pour conclure, j’ai été très déçue de ce livre que je pensais être capable de me réconcilier avec le genre… surtout que j’avais vu son adaptation par la BBC qui m’avait beaucoup plu. Je tiens toutefois à dire que l’on sent chez P. D. James une réelle affection et une réelle attention à l’égard de l’œuvre de Jane Austen et qu’il ne s’agissait pas pour elle de faire vendre sous le seul prétexte que les noms d’Elizabeth Bennet et de Fitzwilliam Darcy apparaissaient dans son livre. Et c’est déjà beaucoup.
     Et vous, dites-moi : avez-vous lu ce livre ? Si oui, qu’en avez-vous pensé ? Si non, vous tente-t-il ?
~ Asty ~

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